Testament d'Esprit Calvet - 3

Vente à faire de sa maison

Nonobstant toute délibération sur ce point, j'ordonne expressément de ne mettre ni livres, ni cabinets dans ma maison, rue Pugelle n° 16, laquelle, ainsi que ses meubles, seront vendus à l'enchère, et leur prix, avec l'argent comptant de reste, sera placé, après l'acquittement des droits, sur des terres labourables de ce terroir, sans bâtiments, choisies par la majorité du conseil des huit pour être affermées.

Legs de 240 f. au jardin botanique

Je lègue, laisse et donne à perpétuité une somme annuelle de deux cent quarante livres au jardin botanique qui sera établi à Saint-Martial, si ce local est jugé assez spacieux ; laquelle pension sera employée à acquérir des plantes et des arbres, et jamais à des bâtisses ; ce jardin pourra, presque sans frais, devenir promenade publique ; les leçons de botanique, ainsi que la direction du jardin, seront confiées à M. Guérin, le fils aîné, aux frais de la ville.

Distinctions honorifiques aux donateurs

Je conseille aux administrateurs de décerner solennellement des distinctions honorifiques à ceux qui enrichiront les recueils : par exemple, un présent de livres ou de manuscrits anciens, d'argent ou de choses précieuses d'une valeur bien constatée, non arbitraire ni fantastique, de six mille livres, vaudrait au donateur, même vivant, son buste de bonne main, en marbre, s'il se pouvait, ou en pierre choisie de Pernes... Lorsque le prix de la chose donnée serait seulement de trois mille francs, on se bornerait à son portrait peint à l'huile sur toile, à cadre doré, placé avec distinction... Que si le don était fort au-dessous de cette valeur, les administrateurs le reconnaîtraient, ou par une mention honorable dans les registres, ou par le nom du bienfaiteur gravé sur cuivre et bien exposé.

Recommandation à MM. les exécuteurs testamentaires de surveiller l'exécution du présent

Je me fonde sur la sagesse et le zèle de mes exécuteurs testamentaires, pour l'observation du présent testament, dans lequel la pension pour l'âge le plus avancé intéresse l'universalité de leurs concitoyens, et pourra, comme je le souhaite, devenir une créance personnelle pour eux-mêmes, outre qu'elle contribuera à faire soigner et respecter la vieillesse dans tous les états, et faire la consolation d'un âge toujours accablé de besoins et souvent dénué de secours. Quel bonheur ne serait-ce pas aussi que la protection des premières autorités s'étendit jusqu'à faire payer sans procès ma bibliothèque à ses débiteurs, avec la même facilité que la nation est payée des siens ! Cette attention serait d'autant plus juste, que les intéressés forment une branche bien étendue et bien respectable de cette nation.

Legs de 1505 f. à la bibliothèque et au bureau de bienfaisance

L'ensemble de les rentes fournira chaque année un revenu solide et surabondant pour les paiements établis ci-dessus ; le restant restera dans ma bibliothèque. À l'égard du tiers consolidé annuel perpétuel et inextinguible, payé par la nation, se montant à quinze cent cinq francs, exempt ledit revenu de tout impôt quelconque pour toujours, en indemnité de mes pensions très considérables perdues sur les communes ; ce tiers, dis-je, et ses augmentations, s'il y en a, sera partagé à perpétuité entre ma bibliothèque et l'oeuvre de bienfaisance de cette ville ; de sorte que le premier séquestre, après mon décès, sera pour la nouvelle bibliothèque, et le second pour les pauvres de la bienfaisance, avec la clause expresse, pour ce second semestre, de la non-garantie sur mes autres biens, d'où résulte invinciblement la nécessité d'avoir l'oeil à la conservation de ce revenu, ainsi que de tous les autres, et surtout des rentes des capitaux qui sont constamment les plus dangereuses.

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